Jouer est l’activité préférée des enfants, ils pourraient y passer davantage de temps si cela était possible. Ces jeux, qui passent du dernier truc à la mode au jeu de billes centenaire, en passant par les jeux de cartes, les jeux vidéo et les jeux de poursuite, sont des comportements spontanés. Ceux-ci provoquent toute sorte de réactions chez nous adultes : participation enthousiaste, bons souvenirs, râperies, incompréhensions…
Le jeu chez l’enfant est loin d’être une activité superflue de créatures immatures et naïves ne sachant pas ce qu’est la « vraie vie », sous-entendu notre vie d’adulte bien remplie (trop remplie ?). Le jeu est en réalité un acte essentiel.
Quel est l’intérêt de jouer ?
Comme le décrit très bien Laurence Rameau dans son livre, le bébé (ou jeune enfant) qui ne connaît rien au monde est comme un scientifique qui cherche à comprendre comment les objets fonctionnent, d’où son grand intérêt pour tout ce qui l’entoure que cela soit un jouet (d’après la classification des adultes) ou non, car en fin de compte pour un nouvel arrivant sur la planète terre, tout est intrigant, digne d’intérêt et donc de manipulation. Les premiers jeux sont des jeux très spontanés d’exploration, d’observation, de manipulation, de contact et de relation. Ces jeux forment l’intelligence, la relation à l’autre, la compréhension progressive du monde (les différentes matières, la vitesse, la motricité etc.).
Bien évidemment, jouer c’est amusant ! L’enfant qui vit de nombreux moments de plaisir, de détente et de rigolades, est aussi un enfant qui se concentre plus facilement, accepte les contraintes et dont la vie quotidienne est en principe plus agréable.
Le jeu permet de la même manière à l’enfant de prendre conscience de son corps, de ses émotions, de faire des choix, il aide à construire le sentiment d’exister et d’être important. D’où l’intérêt, à la fois de respecter le choix des jeux de l’enfant, et de l’entourer pour que les jeux ne soient ni dangereux, ni trop compliqués (ce qui pourraient entraîner un sentiment d’échec). Jouer donne confiance en soi.
Beaucoup de jeux sont des créations provenant de l’imaginaire des enfants. Cela participe à leur épanouissement car ils acquièrent ainsi la capacité à produire (des idées, des objets) eux-mêmes et avoir confiance en eux. C’est vital pour avancer dans la vie.
Les jeux sont aussi l’occasion de développer les processus de pensée et de réflexion comme la stratégie, la mémorisation, l’anticipation, …
D’autres jeux demandent à respecter des règles précises comme les jeux de société ou les jeux d’équipe. Ces contraintes parfois mal vécues sont importantes à maintenir car elles participent au processus permettant à l’enfant d’intérioriser les règles de vie en société d’une manière générale. Les règles sont saines car elles apportent des limites et donc de la sécurité. Les règles, définissant la place et le rôle de chacun, accorde à chacun sa légitimité. Jouer ne veut donc pas dire se déconnecter des principes de réalité.
Jouer est une manière si intéressante d’entrer en contact avec les autres, d’échanger, d’avoir de la complicité !
Le jeu permet aussi tout simplement de passer le temps. De nombreuses situations pénibles, comme attendre (chez le médecin, à la caisse, en voiture) peuvent être plus agréables en devenant un moment d’apprentissage et de relation. Voici quelques propositions pour éviter aux enfants d’attirer l’attention des adultes par le fameux jeu « taquiner mon frère et le faire pleurer » : les chansons, les jeux de mots, les jeux de réflexion, les devinettes, les mimes, les histoires, la conversation, avoir des petits jeux sous la main, bouger.
Les parents doivent ils jouer ?
Les parents sont importants mais il n’est pas toujours facile de trouver le juste milieu entre être trop à l’écart et ne pas partager les bons moments, et être trop interventionniste et empêcher la spontanéité de l’enfant. Souvent, les enfants sont assez ravis que des adultes jouent avec eux, car ils sont en recherche de complicité, de modèles, de contact. Les adultes peuvent jouer avec les enfants, organiser les jeux, ou simplement faciliter sans intervenir directement. Pas toujours très à l’aise ou disponibles pour toutes sortes de jeux, les adultes peuvent en tout cas favoriser le jeu, qui par définition chez l’enfant est une activité libre, sans soucis de propreté et de rangement. Les adultes ont donc un rôle important à plusieurs niveaux.
Ils peuvent favoriser l’aménagement de l’espace. Pour les bébés et les jeunes enfants (et leurs parents), il est plus agréable que le lieu de vie soit sécurisé et adapté pour permettre une exploration sereine. Varier les lieux de jeux en intérieur, en extérieur, permet de stimuler différents types de moments ludiques. Un vieux matelas au sol est toujours le bienvenue pour permettre aux enfants de s’essayer aux cabrioles et leur motricité globale : cela peut éviter une utilisation intempestive du canapé par exemple. Protéger les habits ou les surfaces pour faciliter le nettoyage ou avoir un système de rangement simple, sont encore d’autres manières de respecter à la fois les jeux de l’enfant et les principes de réalité.
Les adultes peuvent facilement fournir des matériaux et les équipements nécessaires car les enfants sont souvent intéressés par créer et inventer. On peut mettre à leur disposition une collection d’objets variés tels que des déguisements, des accessoires ou encore des boîtes, des cartons, des blocs de bois et ainsi de suite, qui leur permettent de mettre en vie leurs propres idées. Fréquenter une ludothèque, peut amener de la nouveauté.
Les adultes peuvent être aussi des compagnons de jeux. Laissez-vous inviter mais laissez aux enfants prendre les devants.
Que vous fassiez partie du jeu ou non, il est important de les laisser dérouler leur action, de les laisser trouver des solutions aux problèmes rencontrés (matériel, conflits). Il serait malvenu d’interrompre le jeu trop brusquement. Au contraire, les enfants seront sensibles au fait que l’on respecte, encourage et valorise leurs jeux.
Ce petit tour d’horizon sur l’univers du jeu est aperçu succinct de la richesse qu’en retire l’enfant. De nombreuses idées sont encore à explorer, alors place au jeu !